Réponse au texte concernant les paradoxes du lampadaire

Peut-on caractériser certaines distributions ?

Question : Pour quel type de distribution de probabilité (p_{k}) a-t-on pour tout k dans { 1,2,…,n} :

    \[\alpha(k) \geq \alpha_e(k) = p \frac{n-k}{n-pk} \, ?\]

Pour ces distributions, si elles existent, la probabilité que les clés soient effectivement sous un des lampadaires restants est toujours plus grande qu’avec la distribution uniforme.

On peut remarquer que \alpha(k) est une fonction décroissante de F(k) :

    \[\alpha(k) \geq \alpha_e(k) \iff F(k) \leq \frac{k}{n}\]

On a donc pour tout k dans { 1,2,…,n}:

    \[p_1 \geq p_2 \dots \geq p_n, \ p_i \in \left]0,1\right[, \]

    \[ p_1 \leq \frac{1}{n}, \ p_1 + p_2 \leq \frac{2}{n}, \]


    \[p_1 + p_2 + \dots + p_{n-1} \leq \frac{n-1}{n}, \]

    \[p_1 + p_2 + \dots + p_n = 1.\]

Dans ces conditions, les vecteurs de \mathbb{R}^{n}, P = \left(p_1, p_2, \dots, p_n\right)^t et M = \left(\frac{1}{n}, \frac{1}{n}, \dots, \frac{1}{n}\right)^t, sont des vecteurs ordonnés par ordre décroissant dont les composantes ont la même somme (ici valant 1). La condition sur les sommes partielles permet l’utilisation du théorème de Hardy-Littlewood-Pólya affirmant que le vecteur P est obtenu à partir de M par l’application d’une matrice bistochastique.

Il existe une matrice bistochastique A telle que :

    \[P = A M.\]

Mais alors, \left(1, 1, \dots, 1\right)^t est vecteur propre de A associé à la valeur propre 1, et donc :

    \[P = A \left(\frac{1}{n}, \dots, \frac{1}{n}\right)^t = \frac{1}{n} A \left(1, \dots, 1\right)^t \]

    \[P = \frac{1}{n} \left(1, \dots, 1\right)^t = M.\]

Il n’existe donc pas de telles distributions autres que la distribution uniforme elle-même.

Voici une preuve élémentaire envoyée par un étudiant, qu’en pensez-vous ?

Si p_n < \frac{1}{n}, alors, pour arriver à une somme valant 1, nécessairement un des nombres p_i doit compenser et être plus grand que \frac{1}{n}. C’est en particulier le cas du plus grand d’entre eux : p_1. Si p_n < \frac{1}{n}, alors p_1 > \frac{1}{n}. Or, d’après la première contrainte : p_1 \leq \frac{1}{n}, ce qui est absurde. Donc : p_n \geq \frac{1}{n}. La plus petite des valeurs est ainsi plus grande ou égale à \frac{1}{n}, ce qui, pour la même raison, est à nouveau absurde sauf si chaque terme p_i vaut \frac{1}{n}.

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